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Les jeux de ballon ne sont plus les bienvenus au village

Les jeux de ballon ne sont plus les bienvenus au village

24Heures

Les jeux de ballon ne sont plus les bienvenus au village. Dans plusieurs communes de La Côte, des riverains se plaignent des nuisances produites par les places de sport.

À Saubraz, des citoyens excédés ont démonté le panier de basket (posé au fond à g.) situé dans la cour du collège.

À Saubraz, des citoyens excédés ont démonté le panier de basket (posé au fond à g.) situé dans la cour du collège.Image: Vanessa Cardoso

Le tap-tap-tap incessant d’un ballon de basket sur le goudron peut énerver au plus haut point. Dans bien des villages qui ont aménagé des espaces de jeu et de sport, les riverains se montrent de moins en moins tolérants vis-à-vis de ces nuisances sonores. À Saubraz, en juillet dernier, des citoyens excédés par l’immobilisme de leurs autorités ont démonté le panier de basket situé dans la cour du collège. La Municipalité a porté plainte contre X pour dommage à la propriété. Les auteurs, une dizaine de personnes, l’avaient informée par écrit de cette dépose intempestive.

En 2005 déjà, un recours au tribunal avait obligé l’Exécutif à enlever le panier de basket fixé sur un mur privé pour le replacer sur un arc métallique dans le préau. Mais ce printemps, il a reçu à nouveau des lettres de réclamation. «Je comprends que les gens soient impatients, mais les infrastructures sportives ou récréatives faisant partie des services qu’une Commune se doit de proposer aux jeunes, nous avons privilégié la solution de créer un terrain multisport sur le terrain de football. Mais elle peine à se concrétiser», déplore le syndic, Daniel Barbezat. Ce projet a en effet été refusé une première fois en 2015, puis à nouveau jeudi dernier par des conseillers estimant qu’il était trop coûteux, trop petit, et qu’il fallait l’envisager dans la réaffectation globale du collège, fermé depuis une année.

Un tous-ménages abusif

Dans la foulée, la Municipalité a découvert qu’un habitant du chemin de l’Oche, agacé par le jeu des enfants dans sa rue en cul-de-sac, avait distribué un tous-ménages à en-tête de la Commune, signé de la Municipalité. On y lit «que le chemin n’est pas une place de jeux pour trottinettes, vélos et skates», mais qu’il est réservé à la quinzaine de véhicules des propriétaires bordiers. «Nous avons également déposé une plainte pour utilisation abusive de nos armoiries», soupire le syndic.

À Préverenges, c’est parce que le bruit du petit terrain de football situé dans le quartier d’habitation des Uttins gênait un propriétaire de villa que le syndic avait décidé d’enlever les filets des buts. Sans qu’aucune plainte n’ait été déposée. Fin avril, suite au mécontentement des habitants, il a proposé une remise en état pour l’été. Mais à la fin de juin, les buts étaient totalement enlevés! Les habitants se sont alors fendus d’une pétition pour que le terrain de foot, qui existe depuis trente ans, soit réhabilité. Une séance de conciliation organisée entre la Municipalité, les pétitionnaires et le voisin a permis de trouver un compromis. La Commune a réengazonné le terrain et les buts seront réinstallés le printemps prochain.

De l’intérêt général

À Coppet, le projet de piscine-patinoire à côté du collège de Terre Sainte est bloqué depuis des années par des oppositions de riverains. Une étude imposée après un recours au Tribunal cantonal ayant montré quelques dépassements de bruit sur l’ensemble de la zone sportive de l’école, dont des terrains de foot existant depuis vingt-cinq ans, l’État avait imposé une réduction des horaires d’utilisation des installations. Un recours de la Municipalité ayant permis de trouver un compromis, le permis de construire a été délivré cet été. Mais les riverains ont à nouveau saisi la justice. «Je sais que les voisins subissent des nuisances, mais un centre sportif n’est pas fait pour regarder pousser l’herbe. Je regrette que des intérêts particuliers fassent obstacle à l’intérêt général de la population», note François Keller, municipal de l’Urbanisme.

Créé: 16.10.2019, 18h31


On est sans paroles. Voici les premiers commentaires.

4 Commentaires

Johny Gasser

17.10.2019, 14:12 Heures

Si le bruit normal de la vie les déranges, qu’ils insonorisent leur habitation à leurs frais. Les enfants ont le droit de jouer.

Maghy Hermann

17.10.2019, 08:27 Heures

Parlons des vraies nuisances sonores ! Pensons à ceux qui vivent près des chemins de fer ou près de routes à gros trafic, pas des bruits de ballons ou des cris d’enfants. De plus, ils préconisent quoi ces gens ? D’enfermer les enfants et de les laisser devant des écrans ????

Virginie Loontjens

16.10.2019, 21:04 Heures

Mon dieu dans quel monde envoie-t -on nos enfants si on ne supporte plus de les entendre jouer !!!

bernard parreaux

16.10.2019, 21:01 Heures

Ces personnes oublient que eux jeunes faisaient aussi du bruit.

 

Faire participer les voisins

Faut-il désormais enterrer les places de jeux ou les exiler en campagne pour éviter que des riverains ne saisissent la justice? Certes, les jeunes usagers ne respectent pas toujours les horaires imposés, notamment en soirée, et les petits villages n’ont que peu de moyens pour y faire la police.

Habitant Préverenges, Stéphane Joost, maître d’enseignement et de recherche à l’EPFL, a été choqué de voir sa Commune enlever une activité physique simple, saine et accessible à des dizaines d’enfants pour satisfaire un seul riverain.

«Cette tendance à céder face aux plaintes va à l’encontre des recommandations du Canton en matière de santé.» Il soutient en effet la création d’espaces destinés à promouvoir le mouvement des jeunes et incite les Communes à en développer.

Si l’État n’a pas de réponse à l’intolérance de voisins face aux terrains en place depuis des années, il prône la démarche participative pour en créer de nouveaux.

«Il est possible de limiter leur rejet en se posant les bonnes questions au moment de concevoir l’espace et de choisir son emplacement. Installer une place de jeux au niveau des fenêtres des chambres d’un immeuble n’est pas idéal, répond Rebecca Ruiz, cheffe du Département de la santé et de l’action sociale.

De tels projets peuvent au contraire bénéficier à tous s’ils sont conçus au cours d’un processus participatif qui intègre les notions de respect et de vivre-ensemble. Bien conçue, une même installation peut servir à la fois de place de jeux pour les enfants et de lieu d’échanges pour les parents et les personnes plus âgées, qui s’approprient alors l’espace.»

Article dans 24heures Voici le lien à l'article (libre pour abonnés):
www.24heures.ch/vaud-regions/la-cote/jeux-ballon-bienvenus-village/story/14143558

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